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Quaqtaq

About

Filmé en 1956, ce document nous présente la vie des Inuits dans le camp d’hiver de Quaqtaq, constitué de grands iglous de neige familiaux. Traditionnelle, la vie y est rythmée par la chasse, les rencontres entre femmes, la vie sociale, la construction des iglous, les enfants qui jouent... Ce document nous montre par ailleurs l’une des seules scènes filmées depuis l’intérieur d’un iglou, où l’on peut véritablement voir l’aménagement de ces habitations, leurs fenêtres de glace, la grande lampe à huile en stéatite, etc.

QUAQTAQ (1956)

Film décrivant la vie inuit dans un petit camp d’hiver composé de grands iglous familiaux.

Film 16 mm couleur, muet

19 minutes.

Réalisateur : B. Saladin d’Anglure.

Prise de vue : B. Saladin d’Anglure

Tourné durant l’hiver 1956 à Quaqtaq, Nunavik, avec la collaboration logistique des R.P. Antoine et Dion, o.m.i.
Un premier montage muet a été fait en 1956 par Bernard Saladin d’Anglure. Puis une version sonorisée en 1958, avec un commentaire destiné au public occidental et un fonds musical de chants inuit Aivilingmiut, gracieusement fournis par le R.P. Arthur Thibert o.m.i..; opération réalisée avec l’aide du Comité du Film Ethnographique français, Musée de l’homme, Paris. Ce film sonorisé a été acheté par la chaîne française de Radio-Canada pour passer – à l’insu de l’auteur - sur les écrans québécois durant la fameuse très longue grève des réalisateurs (fin 1958), qui s’est terminée par le départ de René Lévesque, et son entrée en politique avec Jean Lesage, marquant le début de la révolution tranquille ; le film est passé aussi, la même année, à Télé Luxembourg.

Le présent montage a été fait par l’auteur en 2014-2015, pour les Inuit à partir de l’original, en suivant le déroulement chronologique des scènes sur le terrain.

Prix Connaissance du Monde 1957, décerné par un jury, présidé par Jean Rouch, de la Société des Explorateurs et Voyageurs français, Paris.

Transcription intégrale

00:00:14

Un chien se repose couché sur la neige. Il est frappé par une balle de neige, se relève subitement et s'en va.

Commentaire du réalisateur : Janvier 1956. Une épizootie a décimé les chiens, une épizootie de rage, transmise par les renards, à Kangirsuk.

00:00:27

Quatre chiens courent. Ils sont harnachés et vraisemblablement attachés à un traîneau qu'ils tirent. On peut voir que les harnais sont ornés de dessins de couleur.

00:00:31

Deux plans différents des chiens qui courent et qui tirent un traîneau que l'on ne voit pas.

Commentaire du réalisateur : Deux Inuits de Kangirsuk décident d’aller chercher des chiens à Quaqtaq, et ils m’emmènent ; j’étais moi à Kangirsuk, en attente. Donc, il y a Johnny Peters et Jusipi Nasaq.

00:00:35

Séquence où l'on voit deux hommes et un chien. Un des hommes manipule un traîneau à chiens. Il tient le devant des skis. Un couteau est planté dans la neige près de lui, et un contenant de métal, possiblement un bidon d'essence, se trouve à l'avant.

00:00:36

Un homme travaille près d'un traîneau à chiens (il semble le charger ou le décharger). Près de lui, on voit également quatre chiens et un iglou. L'homme lance un bâton au loin.

Commentaire du réalisateur : Le voyage a pris quatre jours et trois nuits. Le soir, on arrivait, ils faisaient un petit iglou pour la nuit, et puis le matin, on réattelait les chiens avec les harnais et on reprenait le voyage.

00:00:45

Deux hommes sont debout près d'un iglou, d'un traîneau et d'un attelage de chiens. Un des hommes tient un sac et apporte celui-ci au traîneau.

00:00:52

Un chien se repose sur la neige. Il est harnaché et attaché.

00:00:57

Quatre chiens courent. Ils sont harnachés et sans doute attachés à un traîneau qu’ils tirent. On peut voir que le harnais est couvert de plusieurs motifs de couleur.

00:01:00

Un chien se repose sur la neige. Il est harnaché.

00:01:04

Vue d'un iglou entouré d'un muret fait de blocs de neige. Deux femmes marchent près de l'iglou. On peut également voir un attelage de chiens près d'elles. Plus loin, on voit d'autres constructions de neige et des éléments du camp. Une personne s'éloigne à la marche de ces constructions.

Commentaire du réalisateur : Nous voyons ici l’arrivée à Quaqtaq, vue d’une colline qui domine le village. À cette époque-là, la seule maison en dur, c’était la mission. Les autres habitations étaient de grands iglous familiaux, souvent regroupés, deux ou trois iglous ensemble.

00:01:09

Autre vue depuis une colline. On voit deux iglous, ayant chacun deux pièces dans le tunnel d'entrée, un pare-vent de même que des murets qui les entourent. On voit également des vêtements suspendus sur une corde à linge entre les deux iglous.

00:01:13

Même vue, filmée depuis un point plus loin sur la colline. Deux hommes montent la colline en marchant, vers la caméra.

00:01:21

Vue de deux iglous recouverts de neige. Deux fusils sont accotés sur le mur d'un des iglous. La caméra se déplace ensuite à la gauche des iglous, pour montrer deux chiens, dont un qui se repose.

Commentaire du réalisateur : Les tempêtes de neige qui survenaient là-bas enfouissaient les iglous, donc au bout d’un mois d’occupation, il fallait souvent, au cœur de l’hiver, en construire de nouveaux, parce qu’ils étaient entièrement enneigés, presque souterrains.

00:01:30

Plan des mêmes deux chiens, le plan se déplace vers le bas, vers l'entrée d'un iglou duquel un garçon sort, souriant à la caméra.

Commentaire du réalisateur : Là, c’est Jaiku, dont l’iglou était enneigé. C’était un homme qui était un peu plus lent que les autres, qui avait une mauvaise vue. Les gens disaient qu’il avait conçu son iglou un peu trop haut.

00:01:39

Un homme construit un iglou. Il se tient sur une échelle, et il place des blocs de neige près du toit. On peut voir un traîneau à chiens sur le sol près de l'iglou.

Commentaire du réalisateur : Il avait mis son traîneau en travers pour pouvoir, de l’intérieur, hisser les blocs pour terminer la coupole ; pendant ce temps, son fils adoptif l’aidait par l’extérieur.

00:01:45

Cinq enfants courent autour d'un iglou. Une personne travaille près de l'iglou. Des chiens courent eux aussi autour du camp.

00:02:03

Plan de deux iglous (les mêmes que ceux qu'on a vus plus tôt avec les fusils). Un traîneau-jouet y est posé. Deux enfants arrivent. L'un d'eux prend le traîneau, l'autre s'assoit dessus. Le premier enfant pose un genou sur le traîneau et commence à le pousser sur la neige.

Commentaire du réalisateur : On voit l’iglou presque complètement recouvert de neige, on voit aussi le haut de la vitre de la coupole principale et les jeunes à l’extérieur, qui s’amusent à glisser, etc. Les jeux d’hiver traditionnels, c’était ça. Les enfants aimaient bien être pas loin des habitations, voir les adultes travailler.

00:02:19

Vue du camp : des chiens se promènent autour ; des enfants courent autour d'un iglou.

Commentaire du réalisateur : Et maintenant, ils tournent autour de l’iglou en construction.

00:02:40

Un homme construit un iglou : il grimpe dans une échelle en tenant un bloc de neige dans sa main. Une fois arrivé en haut de l'échelle, il ajuste le bloc à l'aide de son couteau.

Commentaire du réalisateur : On voit le fils adoptif, à l’extérieur, qui va boucher les interstices entre les blocs, et puis, par l’intérieur, qui rentre les nouveaux blocs. Les blocs ont été, au départ, coupés dans la circonférence de la grande coupole, mais comme il en manquait, on les taillait un peu plus loin, là où la neige était en abondance, suffisamment durcie.

00:02:55

Un homme taille des blocs de neige sur un iglou.

00:03:11

Un homme pose un bloc de neige sur un iglou, et il regarde ensuite vers la caméra.

Commentaire du réalisateur : On voit Jaiku qui place, pour terminer la coupole, un de ces gros blocs de neige. Donc c’était tout un art pour que ça tienne bien, et, d’une façon générale, on pourrait dire qu’après un mois, l’iglou demandait à être changé.

00:03:31

Un groupe d'enfants jouent à l'extérieur d'un iglou. Ils glissent le long d'une butte de neige. On peut voir de la fumée s'échapper de la cheminée d'un iglou situé derrière eux, de même qu'une fenêtre de glace.

Commentaire du réalisateur : On voit ici l’air chaud de l’iglou qui, dans l’atmosphère froide (il gèle fort quand même), s’échappe par une sorte de petite cheminée. On voit la vitre principale, deux grands morceaux de glace de lac, taillés et amincis, qui forment les deux vitres pour éclairer la grande coupole. Il y a une petite vitre triangulaire sur la coupole intermédiaire, qui est l’endroit où l’on stocke les carcasses de viande gelée ou éventuellement les poissons, et puis la première coupole, qui est le porche. Donc on voit bien la dimension des iglous, qui sont des édifices très solides : les jeunes montent sur le sommet de ces coupoles et ne passent pas à travers.

00:03:44

Vue du camp : un groupe d'enfants glissent le long d'une butte de neige près d'un iglou, et courent vers la caméra. Des chiens se promènent autour.

Commentaire du réalisateur : Là, vous voyez des sortes de murs, pour consolider l’iglou, mieux l’isoler des tempêtes et permettre de couper le vent. Parce que quand le vent change, il y a des vents très froids venant du nord, du nord-ouest ou du nord-est, et des vents du sud un peu plus chauds, donc chaque vent présente ses dangers pour un iglou : le vent chaud le fait fondre trop vite, donc là aussi, en renforçant la paroi, ça permet à la coupole de tenir plus longtemps, de ne pas s’effondrer. Donc là, on voit bien le design avec cette espèce de petit rempart de neige.

00:04:10

Un garçon est debout près d'un iglou et regarde à travers une fenêtre de glace. Ensuite, il glisse le long d'une butte de neige à côté de l'iglou. De la fumée s'échappe de la cheminée de l'iglou.

00:04:20

Un homme pellette de la neige près d'un iglou.

00:04:31

Plan d'un groupe de femmes (cinq femmes). L'une d'entre elles tient un enfant dans ses bras et marche vers la caméra. Ensuite, gros plan de cette femme et son enfant (elle présente l'enfant à la caméra, et elle rit).

Commentaire du réalisateur : Et puis, quand le ciel est beau, les femmes souvent, pendant que les chasseurs partent faire des voyages de chasse plus loin, elles se retrouvent entre elles et s’aident, soit pour la couture ou autre, et puis aiment bien se retrouver et manger en visite. On a toujours quelque chose pour les visiteurs. À peu près 10 % de ce qui se consommait l’était en visite, ou alors ce que vous aviez était consommé par les visiteurs, à peu près 10 % de vos biens de consommation. À ce moment-là, il n’y avait plus de caribous au Nunavik, en 56, et Hudson Bay faisait venir des peaux de rennes d’Aklavik, où se pratiquait l’élevage de rennes, des rennes d’Alaska, et du coup ça permettait d’approvisionner en peaux les communautés inuites qui en manquaient. Plus tard, le caribou est redevenu abondant et maintenant, il remonte jusqu’à la mer très loin, mais avec des migrations.

00:05:01

Un homme marche à l'extérieur. La caméra le suit, alors qu'il va à la rencontre d'enfants et de femmes qui se trouvent près d'un iglou.

00:05:20

Des femmes se tiennent à l'entrée d'un iglou. L'une d'elles tient un enfant. Elle entre dans l'iglou. On voit deux mitaines qui sèchent sur des bâtons plantés dans des blocs de glace au-dessus de l'entrée de l'iglou.

00:05:44

Cinq femmes marchent en file. Elles portent toutes un enfant dans leur amauti.

00:05:55

Les mêmes cinq femmes, vues de derrière. Elles arrêtent de marcher et se retournent vers la caméra. Un iglou se trouve derrière elles.

00:06:04

Gros plan d'une femme. Elle porte un amauti, et elle sourit à la caméra.

00:06:15

Cinq femmes marchent en file. Elles portent toutes un enfant dans leur amauti. La caméra les suit. Elles passent derrière deux hommes qui sont en train de glacer les skis d'un traîneau, et elles entrent dans un iglou.

00:06:31

Gros plan d'une femme qui porte un enfant dans son amauti. Elle parle à l'enfant et sourit à la caméra.

Commentaire du réalisateur : Voici Lali, avec son petit dernier dans l’amauti; elle a un vêtement qui n’est pas en caribou.

00:06:45

Un homme glace les skis d'un traîneau à l'aide d'un bloc de bois. Il sourit à la caméra.

Commentaire du réalisateur : On a là Jugini, il a recouvert les patins de son traîneau d’une tourbe qu’il a fait fondre, et dont il a enduit les patins, et il les a glacés. Il rabote, pour que ce soit le plus lisse possible. Et une fois que c’est lisse, cela produit une couche d’eau qui gèle et qui va permettre au traîneau de très bien glisser sur la neige et sur la glace. Avant chaque grand voyage, il faut vérifier que tout est bien paré, pour ne pas rester pris : le traîneau est fait pour avancer vite, pour bien glisser. Un peu comme les skieurs qui fartent leurs skis, mais là il fallait faire ça de façon naturelle.

00:06:59

Autre vue du même homme qui glace les skis du traîneau. Un chien est assis à ses côtés.

00:07:16

Gros plan du visage de l'homme qui glace les skis du traîneau. Il sourit à la caméra.

00:07:32

Gros plan des mains d'un homme qui fixe un fil sur une tête de harpon (pour la chasse au phoque).

00:07:36

Plan de deux hommes qui préparent l'équipement pour la chasse au phoque : l'un prépare la ligne du harpon, et l'autre gonfle l'avataq. Ils sourient à la caméra.

Commentaire du réalisateur : Là, il devait me montrer comment on prépare le flotteur, donc avec une peau de phoque retournée, bien cousue avec juste une entrée en ivoire pour le gonfler, on la ficelle et ça permettra de ne pas perdre le gibier quand il a été soit harponné et blessé sérieusement, soit blessé au fusil dans une partie non vitale, et du coup il fallait le harponner pour après pouvoir le tuer.

00:07:52

Les mêmes deux hommes attachent l'avataq à la ligne du harpon. Un des hommes pointe les doigts vers une proie fictive, plus loin sur la terre (ils s'apprêtent à mimer une scène de chasse).

Commentaire du réalisateur : Bon, là ils me jouent un peu la comédie, il y en avait un qui tirait de l’autre côté pour me montrer un ujjuk, mais qui avait été tué deux jours avant, on lui avait déjà enlevé des cylindres de peau destinés à faire de longues lanières pour tirer les chiens quand on les attache au traîneau.

00:08:02

Un des hommes lance le harpon, et les deux hommes miment l'acte de tirer sur un phoque harponné, et de forcer pour le sortir de l'eau. Ils rient et regardent la caméra.

00:08:18

Plan fixe d'un phoque mort, la tête de harpon toujours plantée dans son corps.

00:08:26

Plan de la main d'une femme qui allume une qulliq à l'aide d'une allumette. Le taille-mèche (bâton de bois) est appuyé sur la lampe.

Commentaire du réalisateur : Ici, on voit une lampe à huile, on avait ouvert, c’était un petit iglou et pour avoir de l’éclairage et suivre ce qui s’y faisait, on a utilisé cette formule que Flaherty avait utilisée dans les années 20.

00:08:43

Plan de la main de la femme qui ajuste les flammes de la qulliq à l'aide du taille-mèche.

00:08:48

Plan de la femme qui ajuste les flammes de la qulliq. Elle porte un enfant dans son amauti. Elle parle, ajuste son amauti et sourit à la caméra.

00:09:21

Une femme est assise sur un banc de neige dans un iglou. Elle assouplit une botte à l'aide d'un assouplisseur de bottes.

Commentaire du réalisateur : Ici, Susie Alupa, je crois me souvenir que son mari avait été emmené à l’hôpital comme un certain nombre d’Inuits avec le C. D. Howe, le navire-hôpital. À cette époque il y avait assez souvent des diagnostiques de tuberculose quand le brise-glace venait, le C. D. Howe, et on emmenait les malades, et ça prenait souvent six mois, il fallait parfois même attendre l’été suivant avant que le conjoint ou les parents reviennent de l’hôpital. Elle utilise un assouplisseur de bottes, ce sont des bottes dont la semelle est une semelle empeigne, qui remonte sur les côtés comme les mocassins amérindiens. Elle est en peau de phoque barbu, une peau épaisse et imperméable, mais qui n’est pas tannée, donc quand elle a été mouillée, elle devient très dure, donc il faut l’assouplir sur ce grattoir pour garder le confort d’une botte souple. Et ça, ça faisait partie des travaux des femmes.

00:09:43

Même vue de la femme, qui prend une autre botte pour l'assouplir à son tour. Ensuite, elle se retourne pour parler à l'enfant qui se trouve dans son amauti.

00:09:59

Plan d’une femme qui nettoie du duvet de canard eider. Elle le frotte sur des fils qui sont fixés au bord d'une petite boîte de bois à l'aide de clous. On peut voir un assouplisseur de bottes accoté au mur de l'iglou derrière elle.

Commentaire du réalisateur : À cette époque, les Inuits récoltaient la partie supérieure des nids de canard eider, qui sont faits avec du duvet de l’oiseau (le mot édredon vient de l’anglais « eider down », duvet de canard eider). On le frotte sur des cordelettes tendues, les poussières tombent et le duvet, extrêmement léger, reste accroché aux cordelettes.

00:10:28

Une femme coupe un morceau de semelle de botte à l'aide de son ulu, sur une planche de bois.

Commentaire du réalisateur : Ici, la vieille Natsingajaq, la maman de Susie Alupa et la belle-sœur de Qamuraaluk, le possesseur de l’iglou qu’il renforçait tout à l’heure, elle est en train de découper de la peau de phoque, ici c’est la partie au-dessus de la botte, qui s’attache à la tige de la botte et à la semelle de l’autre côté

00:10:58

Gros plan de la même femme qui mâche maintenant le morceau de semelle de botte, pour l'assouplir (vraisemblablement le morceau qu'elle vient de couper à l'aide de son ulu).

Commentaire du réalisateur : mais avant, pour la coudre, elle mâchouille les parties qui vont être cousues, qui sont durcies, c’est du cuir qui n’est pas tanné, elle humecte les peaux de salive pour les ramollir, ça permettra de passer l’aiguille plus facilement.

00:11:20

Gros plan d'une trousse de couture en peau d'oiseau, pleine de tendons.

Commentaire du réalisateur : Voici la trousse de couture, une peau de grand huard, de tuulliq, retournée à l’envers comme une peau de lapin, et qui est une excellente trousse de couture pour garder leur fraîcheur à ces tendons qui, faute de caribou, étaient prélevés sur des bélugas, ou enfin, différents animaux pouvaient en fournir.

00:11:27

Une femme prend un fil de tendon du sac et l'assouplit avec ses dents.

Commentaire du réalisateur : Mais le meilleur, c’est du tendon de caribou, tendon des pattes de caribou, dont on fait du fil, on en retire quelques fibres pour faire une aiguillée de couture en peau de phoque, et ce tendon a tendance à gonfler quand il est un peu humide, donc normalement on arrive à faire de très bonnes coutures imperméables quand on utilise ce qu’on appelle la double couture.

00:11:39

Gros plan de ses mains, pendant qu'elle sépare les fils de tendon afin d'obtenir du fil à coudre.

00:11:57

Autre plan de la trousse de couture pleine de tendons.

00:11:59

Gros plan des mains de la femme qui pince et tourne un fil de tendon.

00:12:10

La femme commence à coudre le tendon sur un morceau de peau.

00:12:13

La femme étire et assouplit une pièce de semelle de botte avec ses mains.

00:12:26

La femme assouplit une pièce de peau à l'aide d'un assouplisseur de peau muni d'une lame de métal. On voit un assouplisseur de peau accoté sur le mur derrière la femme.

Commentaire du réalisateur : Ici, elle gratte, pour l’assouplir aussi, ce qui va servir de semelle. Ça paraît très grand, mais comme on rabat les côtés, ça va remonter jusqu’au-dessus, on voit que la semelle remonte, et est cousue à la petite pièce au-dessus et à la tige de la botte.

00:12:44

Plan fixe de quatre ou cinq kamiik dans un iglou, faites de différents matériaux, comme de la fourrure de phoque et de la peau de phoque.

00:12:54

Quatre chiens mangent des morceaux de viande (ou des morceaux de carcasse d'animal) sur la neige, dehors.

00:12:56

Vue du paysage, où on peut voir deux hommes qui discutent, un homme qui regarde la mer, la fin de la banquise et le début de la mer, ensuite on voit de nouveau la terre, un kayak posé sur le sol et des gens debout.

Commentaire du réalisateur : Souvent, quand le vent souffle vers le nord, il repousse la banquise de cette baie. Et il y a une surface qui apparaît, on voit un nuage un peu plus noir au-dessus de l’horizon, ça veut dire qu’il y a de l’eau libre. Donc, on part en traîneau à chiens, jusqu’au bord de la banquise, ce qu’on appelle le sina. On voit comme une petite falaise, vous voyez au loin, et avec les marées évidemment ça fait comme une petite falaise à la limite de la glace ferme ou de la terre et de la banquise.

00:13:30

On voit trois hommes qui sont debout, à l'extérieur. L'un d'entre eux travaille sur son fusil et les deux autres parlent et fument une cigarette.

00:13:37

Un homme descend une colline de neige à la marche. Il tient un fusil et fume une cigarette. Une fois arrivé en bas, il appuie son fusil sur la colline, puis marche vers trois chiens qui dorment.

Commentaire du réalisateur : Les chasseurs, quand il y a comme ça des aspérités, montent pour essayer de voir si on aperçoit sur l’eau libre des phoques qui apparaissent, dont la tête apparaît pour respirer.

00:13:54

Deux hommes, à l'extérieur, mangent de la viande gelée qu'ils coupent à l'aide de leurs couteaux. On peut voir du liquide qui bout dans un contenant de métal près d'eux, de même qu'un traîneau à chiens.

Commentaire du réalisateur : Quand on en a tué plusieurs, on en profite pour soit en faire cuire, pour se faire du thé, et on mangeait à ce moment-là la viande crue.

00:14:04

Un homme pagaie dans un kayak sur la mer. On peut voir des montagnes derrière lui.

Commentaire du réalisateur : Là, Matiusi Kululak était venu avec son kayak, et ça servait, quand un phoque avait été blessé au fusil, à aller le chercher ou à rabattre le phoque un peu plus vers l’endroit où se trouvaient les chasseurs sur le bord de la banquise. Car le phoque est curieux. En faisant des petits bruits de métal ou en sifflant, le phoque vient voir un peu ce qui se passe, ce que sont que ces sons, il a l’ouïe très développée. Et là, la mer, c’est bien, elle est très calme, Matiusi revient.

00:14:21

Un homme dans un kayak pagaie en direction de la caméra. Lorsqu'il est arrivé tout près, il sourit à la caméra.

00:14:51

Arrivé au rivage, l'homme sort de son kayak et saute sur la glace. Un autre homme arrive et l'aide à tenir le kayak.

Commentaire du réalisateur : Les journées sont courtes en janvier, vers la fin janvier, et il faut rentrer quand même avant que l’obscurité vienne rendre le passage un peu plus compliqué quand on passe de la banquise plane au rivage, où il y a une zone très tourmentée de glaces brisées et regelées, etc. Et donc c’est un peu compliqué avec un attelage de chiens, avec le kayak fixé sur un traîneau, pour que tout se passe bien.

00:14:57

Trois hommes tirent le kayak sur le sol. Un des hommes enlève la glace qui se trouve sur le kayak à l'aide d'un couteau, tandis que l'autre homme tient un fusil.

00:15:17

Un homme est accroupi et mange de la viande à l'aide de son couteau.

Commentaire du réalisateur : Alors on consomme avant de partir, sur le terrain, de l’intestin grêle dont on a vidé le contenu ; ils sont très friands de manger ça bien chaud. On partageait le foie souvent cru, en morceaux, le cœur aussi, que les hommes consommaient, qui sont une source d’énergie et de vitamines.

00:15:26

Un homme enlève la glace du kayak à l'aide de son couteau. Deux autres hommes sont debout près du kayak et un autre est penché au-dessus de quelque chose.

00:15:39

Un homme démêle les laisses d'un attelage de chiens. Les chiens et le traîneau à chiens sont près de lui.

00:15:46

Quatre hommes s'occupent de leurs traîneaux à chiens et de leurs chiens (on peut voir au moins deux traîneaux et deux attelages de chiens).

Commentaire du réalisateur : Et là, le jour baisse, on se prépare, on réattelle les chiens, vous voyez le nombre de traîneaux, le nombre de chiens, et chacun connaît ses chiens, ce sont des chiens d’une famille.

00:15:57

Vue de l'intérieur d'un iglou. Un homme entre par le trou de la porte. Il tient un seau et un couteau dans ses mains. Il pose le seau et plante le couteau dans la neige.

Commentaire du réalisateur : Qamuraaluk n’est pas allé sur le terrain de chasse, il était occupé à consolider son iglou, mais il a reçu sa part de gibier, incluant de la graisse de phoque qu’il rapporte et qui va servir à alimenter la lampe à huile de sa fille. Le mari de la fille est à l’hôpital, la femme du papa est à l’hôpital aussi, donc vous voyez, ils s’accommodent un peu en se rendant des services, et comme il a son iglou, il fait partie du village, il aura droit à sa part.

00:16:18

Gros plan sur les flammes d'une qulliq.

00:16:22

Une femme est assise près de la qulliq. Un enfant se trouve dans son amauti. Elle remue un repas dans un contenant de métal, puis elle accroche ce dernier au-dessus de la qulliq.

Commentaire du réalisateur : Elle fait bouillir un peu de viande de phoque pour son dernier né, qui a déjà quand même certainement à peu près un an, et elle la fait chauffer sur sa lampe à huile. L’enfant est là, il passe une partie de sa journée dans le dos de sa mère.

00:16:54

Vue d'une fenêtre de glace depuis l'intérieur de l'iglou. La fenêtre de glace est grattée par un ulu attaché à un bâton de bois.

Commentaire du réalisateur : Le givre, avec la différence de température sous l’iglou (il gèle, mais pas trop), s’est formé sur cette glace de lac, taillée dans un lac voisin et amincie. Il y a deux vitres, l’une un peu au-dessus de l’autre, qui vont fournir l’éclairage dans la journée à cet iglou.

00:17:16

Trois ou quatre traîneaux à chiens sont tirés par un attelage de chiens. Des gens sont assis sur chacun des traîneaux.

Commentaire du réalisateur : En mars, le jour est plus long, les Inuits, nombreux, décident de se rendre vers le sud, quand je dis vers le sud, c’est vers Kangirsuk, et vers un camp qu’on appelait il me semble Qajartalik où plusieurs familles allaient passer le printemps à chasser les mammifères marins qui redevenaient accessibles.

00:17:27

Série de plans pris depuis un traîneau d'un attelage de chiens (qui tirent le traîneau). On voit occasionnellement l'homme assis à l'avant du traîneau. On voit également d'autres attelages de chiens et d'autres traîneaux plus loin à l'avant.

Commentaire du réalisateur : Là c’est Jugini.

00:17:50

Vue d'un traîneau à chiens tiré par un attelage de chiens. On voit ce traîneau depuis un autre traîneau. Les deux sont côte à côte.

Commentaire du réalisateur : Là on voit Monsieur Walton, le premier administrateur du fédéral, du Ministère des Affaires indiennes, et qui a comme conducteur, si mon souvenir est bon, Bob May. Et Bob May est le papa de Marie Simon. Il était basé à Kuujjuaq, et il servait d’interprète, c’était un des rares interprètes de l’époque et c’est lui qui était remonté depuis Kuujjuaq pour régler un contentieux touchant un mariage traditionnel contre, pensait-on, la volonté de la jeune fille, bref, il avait été appelé et il était venu régler ce conflit.

00:18:04

Vue d'un attelage de chiens qui tire un traîneau, et qui avance vers la caméra.

Commentaire du réalisateur : Le missionnaire, le père Dion, qui était jusque récemment encore le dernier missionnaire-oblat dans le Nunavik toujours présent, enfin du moins dans les communautés inuites du Nord et qui là, part pour visiter ceux qui vont s’installer ou ont déjà commencé à s’installer à Qajartalik, où il y avait quelques familles catholiques, et puis les autres vont apporter les peaux chez le traiteur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Jimmy Ford. C’était le seul moyen pour eux d’obtenir des munitions et puis de la farine éventuellement, du lard, etc. Et là, on était pas loin de sept traîneaux et on s’est divisés avant d’arriver à Kangirsuk, selon les destinations choisies. Mais vous voyez, ce sont de bons chiens, bien nourris, à la graisse de mammifères marins, et qui n’avaient pas été atteints par cette épizootie de rage qui avait atteint les communautés plus au sud.

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