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Kangiqsujuaq

About

Ce film de quarante minutes a été fait à partir de quatre documents filmés par Bernard Saladin d’Anglure en 1961 et en 1965-66. Divisé en plusieurs thèmes, il nous permet de découvrir les modes de transport traditionnels comme le traîneau à chiens, le portage canin et le kayak; la chasse au béluga; la couverture à neuf d’un kayak avec des peaux de phoques barbus grâce à la participation de la communauté; la préparation de la peau d’un huard pour en faire une trousse de couture; l’importance des chiens dans la vie des communautés; les jeux des enfants; la pêche aux moules lors des grandes marées; la cueillette des baies; mais aussi l’emprise gouvernementale croissante illustrée par le passage saisonnier de brise-glaces, etc., au début de la sédentarisation.

KANGIQSUJUAQ (1961 et 1966)

Ce film présente plusieurs aspects de la vie traditionnelle au début des années 60 ainsi que les changements apportés par la sédentarisation.

Film 16 mm couleur, muet

41 minutes

Réalisateur : B. Saladin d’Anglure

Prise de vue : B. Saladin d’Anglure

Tourné aux camps de printemps et d’été de Tigligarvik et d’Akulivik, et aussi dans le village de Kangiqsujuaq (Maricourt – Wakeham) entre 1961 et 1966

Montage fait avec l’aide de Marie-Pierre Gadoua et de Ralitsa Doncheva à la technique, à partir de quatre films non montés auparavant (rushes).

Transcription intégrale

00:00:00

Plan fixe sur des galets.

Commentaire du réalisateur : La caractéristique de cette époque, dans la région de Kangiqsujuaq, en particulier, début des années 60, c’est que la vie de ces Inuits dépendait de leurs moyens de transport. Ils étaient nomades, avec un immense territoire très varié, des îles côtières et des côtes avec des falaises, et leurs principaux moyens de transport étaient la marche, le traîneau à chiens, les chiens de portage à qui on mettait des sacs de bât, et les kayaks. Ils avaient auparavant, jusque dans les années 30, des umiat, de grandes embarcations en peaux, qui pouvaient contenir jusqu’à trente ou quarante personnes, avec les chiens, et avec quelques traîneaux qu’ils utilisaient à la belle saison. Ensuite, ils se sont procuré des canots, des genres de canots de sauvetage, de bateaux en bois. Mais, à part pendant la période de l’entre-deux-guerres-mondiales où il y a eu les fourrures de renard qui ont atteint des prix fantastiques, il y a eu la crise économique et les quelques Peterhead, donc des bateaux beaucoup plus gros qu’ont pu se procurer quelques chefs de famille, il y a eu après ça la crise économique et donc le retour à la vie traditionnelle, aux kayaks, aux chiens de traîneau et aux chiens de bât. Et en l’espace de quelques années, tout ça a disparu. Je dirais en l’espace de dix ans avec la sédentarisation, les chiens ont disparu, pour réapparaître récemment dans les vingt dernières années avec ces courses de traîneaux à chiens, on a relancé l’élevage des chiens.

00:00:14

Plan très large d’un campement vu de la rive.

00:00:19

Plan large sur le campement, avec plan rapproché sur une tente avec porte en bois, traîneau et chien.

00:00:38

Plan très large et éloigné d’un groupe de personnes et de chiens sur la grève, avec un traîneau.

00:00:45

Plan rapproché du même groupe de personnes.

00:00:53

Gros plan sur un jeune chien sur la neige, cloche au cou, qui jappe en regardant vers la caméra.

Commentaire du réalisateur : Je parle des chiens parce qu’ils jouaient un très grand rôle. Chaque membre de la famille possédait un ou plusieurs chiens, et donc quand un chasseur constituait son traîneau avec, disons, une dizaine de chiens pour les déménagements plus lourds, il y avait des chiens de tous les membres. C’était comme sa famille rassemblée à travers son attelage. Chaque chien avait un nom, et les enfants avaient des chiens souvent dès leur naissance, à qui on donnait [comme nom] au chien l’inverse du nom du propriétaire. Alors, par exemple, si quelqu’un s’appelait « qui a une falaise » à propos d’une île, Innaarulik, j’ai connu un Inuit qui vit toujours, alors on donnait à son chien le nom inverse, « qui a un terrain plat ». Donc [on le faisait] par humour, mais tout le monde savait, quand il appelait son chien, que c’était à lui, à travers le chien, à qui on s’adressait. Et ces chiens, souvent, très jeunes étaient autorisés à entrer avec leur propriétaire dans les iglous, dans les tentes, alors qu’autrement, c’était interdit : les chiens devaient attendre qu’on leur donne de la nourriture à l’extérieur.

00:01:08

Plan large du campement : tente, traîneau avec kayak posé dessus et chiens qui se promènent.

Commentaire du réalisateur : Et puis, les kayaks, outils précieux, que l’on fixait au printemps sur les traîneaux pour aller chasser à la limite de la banquise ferme où se trouvaient les gibiers marins, phoque annelé, phoque barbu.

00:01:22

Plan très large d’un homme qui déplace un traîneau sur la neige, vers un autre traîneau. Un attelage de chiens qui se reposent tout près.

00:01:41

Plan rapproché du groupe de chiens.

00:01:58

Plan large du campement : une femme s’éloigne avec un enfant dans l’amauti, un homme s’approche, des enfants sont autour, et un chien se promène avec un morceau de viande dans la gueule.

00:02:41

Plan large d’un homme cassant/détachant de la pierre au sol.

00:02:42

Gros plan sur l’homme qui considère son morceau de pierre détaché.

00:02:49

Gros plan sur pétroglyphes.

00:03:03

Gros plan sur pétroglyphes.

00:03:10

Plan très large d’un attelage de chiens tirant un traîneau au loin sur la glace.

Commentaire du réalisateur : Alors là, c’est un déménagement. On voit le traîneau lourdement chargé, et une dizaine de chiens pour le tirer. Alors voilà la vitesse habituelle sur la banquise, ce n’est pas très rapide, mais on faisait des centaines de kilomètres comme ça quand il le fallait.

00:03:19

Plan large du traîneau à chiens qui s’approche.

00:03:40

Plan large du traîneau qui s’arrête, un homme en descend, redirige les chiens, le traîneau repart et l’homme remonte à bord.

00:04:05

Plan large du traîneau tiré par les chiens. Une famille est à bord.

00:04:22

Plan large d’une tente avec un traîneau chargé devant et deux hommes qui s’affairent.

Commentaire du réalisateur : Alors, ces tentes étaient des tentes de toile, puisqu’on avait abandonné les tentes de peaux, mais elles étaient à peu près sur le même modèle, sauf que c’est moins lourd.

00:04:30

Plan rapproché de trois hommes qui fixent la tente.

Commentaire du réalisateur : On les fixe avec quelques roches qu’on met sur la base, pour attacher les tendeurs, on a quelques piquets, et donc on déménage, en une demi-heure, la tente peut être par terre, ajoutons une demi-heure pour tout rassembler et fixer sur le traîneau, et tout le monde y participe.

00:04:35

Plan rapproché d’un homme qui fixe la tente.

00:04:39

Vue panoramique du campement : tentes, traîneaux et gens qui s’affairent à décharger et installer.

Commentaire du réalisateur : Les chiens ne sont pas loin, prêts à être attelés ou déjà attelés, et les enfants s’amusent, soit qu’ils aident ou qu’ils veulent aider, comme ce petit ami.

00:04:59

Plan large d’une famille installant une tente. (en zoom out)

00:05:01

Gros plan sur un enfant qui aide à vider une boîte.

00:05:25

Plan rapproché d’un homme assis par terre qui sculpte de la pierre.

Commentaire du réalisateur: Pendant ce temps là, à l’arrivée dans les camps, on voit ici un chasseur qui est en attente pour guetter le gibier et puis qui occupe ses temps morts à sculpter une sculpture que j’ai acquise cette année, ils sont venus me la proposer, et ce qui est amusant c’est que plusieurs personnes de la famille avaient contribué à la faire. Ce n’est pas celui qu’on voit là qui est venu me l’offrir, c’est son oncle, et ils ont dû répartir le petit montant que je lui ai donné.

00:05:30

Gros plan sur les mains de l’homme qui sculpte la pierre (le thème de la sculpture est une personne).

00:05:42

Plan médium du même homme qui sculpte (il sourit à la caméra, des fusils sont déposés derrière lui).

00:05:51

Plan très large de la mer avec un mammifère marin au loin qui apparaît et disparaît à la surface.

Commentaire du réalisateur : Et alors dans ces lieux un peu surélevés au bord du rivage, on guette les mammifères marins. Le grand mammifère à cette époque-là, c’est le béluga.

00:06:07

Plan très large de collines, avec trois hommes au loin qui visent avec leurs carabines, vers le large.

00:06:13

Plan large de trois hommes sur des rochers avec carabines, en position de tir, visant au large.

00:06:26

Plan large de quatre hommes sur des rochers qui regardent au large, carabines en main.

Commentaire du réalisateur : Le béluga migre et au printemps, quand la glace a fondu, il vient très près du rivage et dans les baies où il a tendance à suivre la côte à des endroits bien placés.

00:06:37

Plan médium de deux hommes vus de face, l’un tient une carabine et vise avec.

00:06:44

Plan large du béluga qui a été atteint d'une balle.

Commentaire du réalisateur : Un béluga ici a été blessé mortellement, et on va devoir mettre les kayaks à l’eau pour aller chercher les gibiers qu’on a pu blesser de cette façon. Ce sont de longs kayaks de mer typiques de Kangiqsujuaq, qui peuvent faire jusqu’à 24 pieds, sept à huit mètres de long. Il fallait être à deux pour les porter, et ils étaient recouverts de peaux de phoque barbu, trois grandes peaux de ce grand phoque précieux, qui a une peau plus épaisse que celle des phoques annelés. On pouvait aussi utiliser du phoque annelé, mais il fallait alors sept à huit peaux pour couvrir un tel kayak.

00:06:53

Plans larges d'un groupe d'hommes qui mettent un kayak à l'eau, et un homme qui y embarque.

Commentaire du réalisateur : Donc on aide l’un des chasseurs à entrer dans son kayak pour aller récupérer les gibiers blessés depuis cette sorte de petit observatoire où se trouvait un groupe de chasseurs.

00:07:27

Plan médium d'un homme qui embarque dans le kayak, vu depuis une colline.

00:08:07

Série de plans du kayakiste qui va récupérer le béluga au large.

Commentaire du réalisateur : Alors il s’approche du béluga blessé.

00:08:27

Plan du kayakiste qui s'approche du rivage avec le béluga attaché au kayak.

Commentaire du réalisateur : Ces bélugas étaient très précieux parce qu’ils avaient une graisse très bonne et très importante, il pouvait y avoir jusqu’à dix centimètres de graisse sous l’épiderme comestible, le mattaq, et cette graisse servait à faire des provisions pour les lampes à huile pour l’hiver, et sans compter le mattaq, cet épiderme comestible très riche en vitamines, qu’ils consommaient séché ou cru et frais.

00:08:53

Plan large d'un phoque annelé qui a été chassé et qui est posé sur le kayak.

Commentaire du réalisateur : Alors on tuait des phoques annelés comme celui-ci souvent en chemin.

00:09:05

Plan large du béluga qui a été chassé et qui est attaché au kayak.

Commentaire du réalisateur : Et voilà un béluga adulte. Plus ils sont âgés, plus ils sont blancs. Et plus ils sont jeunes, plus ils ont une couleur bleutée ; un blanc bleuté. Mais c’était en même temps une source de provision, on en consommait, on faisait sécher les filets tout le long de la colonne vertébrale, très tendres, et on récupérait le fil à coudre pour la couture, parce qu’à cette époque, le caribou était devenu inaccessible, il avait presque disparu du nord du Nunavik.

00:09:16

Plan moyen du béluga qui flotte sur l'eau au bord du rivage.

00:09:24

Plan large d’un homme qui construit un kayak (il rabote l’armature).

Commentaire du réalisateur : Ces kayaks, il fallait les entretenir. En moyenne, on les recouvrait tous les deux ans.

00:09:26

Plan moyen d’un homme qui construit un kayak (il rabote l’armature).

00:09:35

Plan médium de l’homme qui construit le kayak. Il regarde la caméra en souriant.

00:09:45

Plan large de l’homme qui rabote l’armature du kayak.

Commentaire du réalisateur : Alors on enlevait la vieille peau, qui servait à faire toutes sortes de choses : des contenants, des seaux d’eau, des semelles pour les bottes.

00:09:52

Plan rapproché de femmes dans une tente qui cousent la peau du kayak.

Commentaire du réalisateur : Et les femmes travaillaient collectivement, à l’intérieur d’une tente, on voit la doyenne Angajurpaaq qui était la doyenne, l’aînée de ces gens, et on assemblait trois peaux de phoque barbu.

00:09:58

Plan rapproché de femmes dans une tente qui cousent la peau du kayak.

00:10:04

Plan rapproché de femmes dans une tente qui cousent la peau du kayak.

00:10:19

Gros plan sur la peau du kayak, avec des viscères et un outil plat déposés dessus.

00:10:24

Plan rapproché d’un groupe de femmes installant la peau sur le kayak, à l’extérieur.

Commentaire du réalisateur : Il fallait les conserver dans de l’urine, dans une sorte de grande poche faite d’un morceau d’ancienne peau de kayak pour qu’elle reste très fraîche et crue, afin qu’on puisse la coudre.

00:10:36

Plan large d’un groupe de personnes installant la peau sur le kayak, à l’extérieur.

Commentaire du réalisateur : Lorsque les trois peaux ont été assemblées, on les fixe sur la carcasse, et ensuite, on va devoir les tendre sur la carcasse avant de faire les vraies coutures imperméables, des doubles coutures, qui requéraient la participation de sept à huit femmes pour que ce soit terminé en une journée. Donc une journée environ pour la peau, et puis une autre journée pour fixer celle-ci sur la carcasse, que le propriétaire a pris soin de restaurer, de remplacer un morceau, de veiller à ce qu’elle soit bien lisse pour ne pas déchirer la peau quand on la tend.

00:10:45

Plan large d’un groupe de personnes installant la peau sur le kayak, à l’extérieur, vu de l'autre côté.

00:10:54

Plans médiums de femmes avec enfants dans les amauti.

00:11:00

Plan médium sur une femme découpant la peau du kayak pour y faire passer un lien.

00:11:14

Plan large d’un groupe de femmes déplaçant le kayak avec la peau déposée dessus.

00:11:36

Plan rapproché de femmes autour du kayak.

00:11:43

Plan rapproché de femmes autour du kayak vu sous un autre angle.

00:11:49

Gros plan sur les mains de femmes fixant (en cousant) la peau sur le kayak.

00:11:52

Gros plan sur les mains de femmes fixant (en cousant) la peau sur le kayak.

00:12:02

Gros plan sur le visage d’un enfant qui joue avec une tasse.

00:12:04

Plan moyen de femmes ajustant les cordes qui tendront la peau du kayak.

Commentaire du réalisateur : On la tend par des cordelettes de tendons tressés, on fait des sortes de petites boutonnières et elles doivent être très tendues pour bien tenir, on serre au maximum, car la peau en séchant va tendre encore plus, va devenir dure, presque comme du bois, mais il faut qu’elle soit tendue pour être efficace et qu’on puisse faire les coutures finales qui vont clore l’enveloppe et faire en sorte que l’eau ne puisse pas y pénétrer.

00:12:13

Plan large de deux femmes travaillant à la couture de la peau d’un kayak.

Commentaire du réalisateur : C’est tout un travail, on utilisait des tendons de bélugas que l’on séparait en fibres quand ils étaient séchés, on les faisait sécher sur des pierres, sur des rochers, puis on les tressait et c’étaient des dizaines de mètres de tresses de tendons qu’il fallait préparer. Et tout le monde s’y met, il faut coudre, il faut préparer les endroits où on fera les fameuses boutonnières et pour la couture ; tout le monde s’y met pour finir ça la même journée.

00:12:24

Gros plan sur les mains des femmes fixant la peau sur le kayak.

00:12:35

Plan rapproché d’une femme étirant un fil à coudre, avec enfant dans l’amauti et cigarette en bouche.

00:12:44

Plan médium d’une vieille femme qui aide à fixer la peau au kayak (pipe en bouche).

00:12:50

Plan de la même femme, mais sans la pipe dans la bouche.

00:12:55

Plan médium de femmes fixant la peau sur le kayak.

00:13:01

Plan rapproché sur les femmes fixant la peau sur le kayak.

00:13:04

Plan médium d'une femme grattant une peau avec son ulu.

00:13:09

Gros plan du visage d'un enfant qui dort.

00:13:18

Plan moyen du même enfant qui dort. Il est étendu au sol sur une couverture.

00:13:24

Gros plan sur les mains d’une femme qui coud la pointe avant du kayak.

Commentaire du réalisateur : Et la femme du propriétaire avait un privilège, c’était elle qui cousait la partie qui recouvrait la proue du kayak, qui se dit en langue inuite usuujaq, qui ressemble à un pénis. Parce que le kayak, en plus de son utilité pratique, était comme l’outil principal de l’homme. Un homme n’était autorisé à se marier, disent les Inuits, que quand il avait un kayak. Et donc on comprend que cet outil est une sorte de pénis symbolique, qui veut dire qu’il va pouvoir reproduire, produire le gibier, reproduire la vie, c’est considéré comme participer à la reproduction sociale du groupe : l’alimenter et faire en sorte que les générations succèdent aux générations.

00:13:45

Gros plan sur les mains d’une femme qui coud la pointe avant du kayak.

00:14:05

Très gros plan sur les mains d’une femme qui coud la pointe avant du kayak.

00:14:26

Gros plan sur les mains d’une femme qui coud la pointe avant du kayak.

00:14:58

Plan médium de la femme qui coud le kayak.

00:15:17

Plan médium de plusieurs femmes regroupées autour d'un kayak (l’une d’entre elles regarde la caméra).

Commentaire du réalisateur : Ce sont des moments extrêmement importants du printemps où la vie collective bat son plein : on coud ensemble, on prépare des peaux ensemble, on consomme ensemble, quand on tue un gros gibier comme un phoque barbu, on organisait des fêtes collectives pour consommer. Les femmes d’un côté consommaient une partie des vertèbres et les hommes une autre partie des vertèbres de l’animal. Ce n’étaient pas les mêmes. Les femmes les consommaient ensemble, quand on criait kujapiguna, kujapik signifiant certaines vertèbres de l’animal, toutes les femmes accouraient avec leur ulu pour manger, chacune prenait une vertèbre, puis on mangeait la bonne viande de filet qui restait attachée aux vertèbres. Ou kutsiniruna, qui était le terme qu’utilisaient les hommes. Et il fallait nourrir les enfants pendant tout ce temps.

00:15:21

Plan rapproché de quelques femmes qui cousent un kayak. L'une d'elles regarde la caméra.

00:15:27

Plan médium d’une femme qui allaite, à l’extérieur, avec un kayak en arrière-plan.

00:15:44

Plan moyen de deux femmes assises au sol près d'un kayak qu'elles cousent.

00:15:58

Plan moyen des deux mêmes femmes, vues depuis le bas d'une butte.

00:16:18

Plans larges de femmes et d’enfants, et d’un homme, s’affairant autour d’un kayak déposé sur des roches. L’homme manipule des peaux déposées sur le kayak.

Commentaire du réalisateur : Donc il y en a certains comme on l’a vu tout à l’heure, qui sculptaient la pierre, d’autres qui préparaient la carcasse, d’autres qui guettaient le gibier, bref la vie collective avec des moments de détente entre elles quand elles finissaient la finition de ces coutures qu’on humectait bien d’huile ou même d’un peu de pujaq, le résidu d’huile qui s’échappe de la lampe, et dont on pouvait enduire les coutures pour les rendre encore plus imperméables.

00:16:38

Plans larges du kayakiste avec coucher de soleil derrière.

Commentaire du réalisateur : Et pour se protéger de ces peaux crues, on mettait de vieilles peaux de caribou, il y en avait quand même, qui servaient de couchage, mais qui protégeaient et qui permettaient de s’appuyer sur le kayak pour faire une couture propre. Et voilà l’outil préparé.

00:17:15

Plan large du kayakiste qui avance vers la caméra, accoste sur la plage, sort du kayak et sort le kayak de l’eau.

Commentaire du réalisateur : Alors, on ramenait les kayaks à Kangiqsujuaq, au village, par la mer. Il fallait être un bon kayakeur, on faisait ça souvent à plusieurs, et on contournait l’immense péninsule de Kangiqsujuaq pour arriver à rejoindre ceux qui venaient à pied. Il y avait une sorte de raccourci à pied ou avec des chiens de bât, où l’hiver, en traîneau, il y avait un circuit de quelques kilomètres qui séparait les Urqumiut de la baie de Kangiqsujuaq. Souvent, un chasseur, au moment du coucher du soleil, allait en mer et passait une heure ou deux à guetter les phoques qui viennent respirer. On les voit très bien, c’est un petit point noir qui apparaît, et en kayak, le chasseur s’approchait, et puis il essayait de blesser l’animal qui, à ce moment-là, plongeait puis réapparaissait, essoufflé, et peu à peu, il s’en rapprochait pour le harponner et ne pas le perdre.

00:17:47

Plan large d’un homme qui fabrique un filet à pêche à l’aide d’une navette. Scène extérieure, avec tente derrière et arc-en-ciel.

Commentaire du réalisateur : L’été, les ombles arctiques, ces poissons de lacs qui remontent à l’automne pour frayer dans les lacs, se reproduire, descendent au printemps par certains cours d’eau, dans la mer. Et alors, il fallait des filets, et ces filets, les Inuits, quand ils pouvaient en acheter contre des fourrures, en échanger, ils le faisaient, mais ils connaissaient aussi l’art de faire des filets ou de les réparer, parce que les filets demandent un entretien. On voit l’homme, équipé de sa petite navette, il consolide ou refait des morceaux de son filet après l’avoir tendu, ou alors il le nettoie, parce que quand vous le retirez de l’eau, il y a des algues.

00:18:00

Plan rapproché de cet homme qui travaille à son filet. On voit mieux sa navette.

00:18:13

Plan rapproché de cet homme qui travaille à son filet. On voit mieux sa navette (vue différente).

00:18:19

Gros plan sur les mains de l’homme qui manipule la navette et fabrique le filet.

00:18:34

Gros plan sur les mains de l’homme qui manipule la navette et fabrique le filet (vue différente).

00:18:43

Plan médium de l’homme qui fabrique son filet.

00:18:52

Plan large de l’homme qui fabrique son filet. On voit très bien la longueur de ce dernier.

00:18:59

Plan très large d’un campement d’été. On y voit quatre tentes, deux chiens qui courent, et le rivage.

00:19:07

Plan large d’un campement d’été. On y voit des tentes et des gens, dont une femme qui marche.

00:19:13

Plan rapproché d’une femme assise par terre, dehors, avec enfant dans l’amauti, et qui s’apprête à dépecer un oiseau.

Commentaire du réalisateur : On parle de fil à coudre, mais ce fil à coudre, on l’entreposait dans des trousses de couture faites en peau d’oiseau, et pas de n’importe quel oiseau. La trousse préférée c’était en peau de grand huard, qui est un oiseau aquatique migrateur qui vient se reproduire au nord, et qui a ce plumage coloré. Il y a tout un mythe qui raconte qu’autrefois, lui et le goéland étaient blancs, et qu’ils aimaient se peindre. Et le goéland a peint le huard, enfin ces oiseaux blancs aquatiques, et puis un moment donné, l’autre a voulu lui rendre la pareille, mais il s’y est mal pris et il a renversé son récipient tout teinté, et ça a donné le corbeau tout noir, alors qu’ici on a ces magnifiques dessins qui vont constituer la trousse de couture. Sauf que les plumes sont à l’intérieur. Donc pour voir la beauté de l’oiseau, il faut le voir comme il est là, avec son plumage extérieur.

00:19:33

Plan rapproché de la femme qui décolle la peau de l’oiseau (la main à l’intérieur de celui-ci).

00:19:44

Plan rapproché de la femme qui travaille sur l'oiseau, avec son enfant dans l’amauti.

Commentaire du réalisateur : C’est un oiseau à long bec, qui a une vue extraordinaire, et qui est pour les Inuits un intermédiaire entre les esprits, les gibiers et les humains. Quand un huard apparaît, et qu’il voit le chasseur qui part à l’intérieur des terres, donc qui marche longuement, il lui indique avec une de ses pattes palmées, la direction où il va trouver des caribous. Alors évidemment, c’est une croyance, mais il semble que ça se vérifie, d’après le dire de nombreux chasseurs. Donc cet oiseau, il faut le respecter. Il ne faut pas le tuer n’importe comment, comme ça, pour le plaisir ou pour le manger. Là, il va jouer un rôle important, puisqu’il accompagne la femme, c’est elle qui travaille la peau, qui va la nettoyer de sa graisse, en mâchant, quand la peau est retournée, pour qu’elle puisse bien sécher et remplir ce rôle de trousse de couture. Alors quand on y met à l’intérieur les tendons de caribou idéalement, ou de béluga, ça permet de les préserver de moisissure ; ils restent dans un environnement bien sec.

00:19:46

Très gros plan sur les mains de la femme qui décolle la peau de l’oiseau (la main à l’intérieur de celui-ci).

00:19:54

Très gros plan sur le visage de cette femme qui est penchée sur son travail.

00:19:57

Gros plan sur la tête de cette femme et celle de son enfant dans l’amauti.

00:20:00

Très gros plan sur le visage de l’enfant.

00:20:05

Très gros plan sur son travail : avec son ulu elle détache la peau du corps de l’oiseau.

00:20:26

Gros plan sur son travail : avec son ulu, elle détache la peau du corps de l’oiseau.

00:20:34

Plan rapproché de la femme qui dépèce l’oiseau, avec enfant dans l’amauti.

00:20:41

Plan rapproché de ses bras et mains qui décollent la peau, avec l’ulu.

00:20:49

Gros plan sur son travail : avec son ulu elle détache la peau du corps de l’oiseau. La peau a été retournée, on voit bien le corps de l’oiseau en dessous.

00:20:57

Gros plan sur son travail : avec son ulu, elle détache la peau du corps de l’oiseau.

00:21:02

Gros plan sur son travail : elle découpe une aile de l’oiseau avec son ulu. La peau a été retournée.

00:21:14

Gros plan sur son travail : elle découpe avec son ulu la carcasse (les ailes) de l’oiseau, maintenant dépouillé.

00:21:09

Très gros plan sur son travail de dépeçage avec son ulu.

00:21:19

Gros plan sur son travail de dépeçage avec son ulu. Elle termine de détacher une partie du corps de l’oiseau.

00:21:33

Gros plan sur son ulu déposé par terre.

00:21:39

Gros plan sur son travail : elle manipule la tête et la gorge de l’oiseau.

00:21:58

Plan rapproché de la femme qui travaille la tête et la gorge de l’oiseau, avec enfant dans l’amauti.

00:22:07

Gros plan sur la peau de l’oiseau, que la femme termine de retourner sur elle-même.

00:22:13

Plan large de cette femme, maintenant debout, qui tend la peau retournée à une autre jeune femme. Puis elle s’en va.

00:22:33

Plans médiums de la 2e jeune femme qui assouplit la peau d’oiseau retournée en la mâchouillant. Elle est assise sur des rochers.

Commentaire du réalisateur : Là, elle demande à sa fille de mâchouiller la peau, elle n’aime pas trop ça, elle va le faire, on va le voir, avec un peu de réticences, mais ça faisait partie du travail de la femme. On l’a vu avec le film de Sanikiluaq dont les habitants ont des vêtements en peaux d’oiseaux, mâcher pour enlever toute trace de graisse était un rôle important pour les femmes, pour les jeunes filles. Ensuite, la peau va sécher pendant quelques jours et pourra être utilisée.

00:22:53

Gros plan du visage de la 2e jeune femme qui assouplit la peau d’oiseau retournée en la mâchouillant.

00:23:01

Plan en pied d’un petit garçon qui joue avec un chiot (il est dehors, avec des tentes derrière lui).

Commentaire du réalisateur : On a ici mon amie Asivak. On pourrait penser que c’est un petit garçon, mais non. C’est une fille, une nièce de Qalli, qu’elle a adoptée de son frère Pakarti, c’est sa petite adoptive. Mais parmi les cinq noms d’Asivak, quatre sont des noms d’hommes, dont le nom du grand-père, Nuvvuka, l’aïeul, qui faisait partie de ces quatre chasseurs Urqumiut qui avaient des tatouages sur le nez. Et donc, depuis sa naissance, pour tous les petits-enfants ou enfants, elle est le grand-père décédé, et on l’a travestie. On l’appelle comme si elle était le grand-père ou chaque personne apparentée à un des noms d’homme, et puis aussi, néanmoins, une grande tante, Asivak, qui fait partie des vieilles que l’on voyait tout à l’heure en train de coudre, c’est le nom de femme qu’elle porte aussi. Et le travestissement est à ce point étonnant que quand ces enfants ont été scolarisés, les instituteurs et institutrices étaient complètement incapables de comprendre et pensaient que c’étaient des garçons, et inversement, il y avait des garçons habillés en filles, certains avec des tresses, et c’était tout un choc pour les instituteurs, et tout un défi pour essayer de faire en sorte que les garçons aillent à la toilette des garçons et les filles à la toilette des filles, parce qu’eux suivaient leur assignation de genre, qui était limitée à l’enfance, soit jusqu’au tuage du premier gibier pour le garçon et aux premières menstruations pour la fille. Mais il y avait un pourcentage non négligeable de travestisme, en moyenne, quand j’ai pu compter, dans les villages, ça pouvait représenter jusqu’à 15 % des enfants.

00:23:03

Plan large d’une femme et un enfant dehors. La caméra zoome sur l’enfant, qui tient un genre de couvercle de métal dans les mains.

00:23:24

Plan large du petit garçon qui joue avec son couvercle de métal. Il y a des chiens et des tentes dans le décor.

00:23:33

Plan large du petit garçon qui joue avec un chiot.

00:23:41

Plan large en plongée de chiens de traîneau, avec une tente derrière.

00:23:51

Plan large de chiens qui tirent un traîneau chargé. Quelques personnes marchent aux côtés du traîneau et aident à son déplacement.

00:24:14

Plan large de chiens qui tirent un traîneau chargé. Quelques personnes marchent aux côtés du traîneau et aident à son déplacement.

00:24:39

Plan large d’une femme avec trois enfants qui marchent dans le campement.

00:24:47

Plan large d’une femme avec trois enfants qui marchent dans le campement, ils s’arrêtent pour parler à un homme et ils continuent leur chemin.

00:25:02

Plan très large d’une femme avec trois enfants qui marchent et s’éloignent, sur la toundra.

00:25:19

Plan très large de trois hommes chargés et trois chiens bâtés qui marchent sur la toundra.

Commentaire du réalisateur : Alors, les chiens de bât. Donc, une partie de la population va rentrer à pied, faute d’autres moyens de transport : les hommes, les jeunes gens et certaines femmes aussi avec bébés dans le dos, bébés à la main, et les chiens qui ont été dressés pour ça. Il y a un sac de chaque côté de leurs flancs, un sac de bât et parfois assez lourdement chargé. Le voyage prenait quelques heures, et on aimait bien, disons environ à chaque heure, en raison d’une certaine fatigue, faire une petite halte, pendant laquelle on cueillait quelques bruyères, quelques petits lichens séchés.

00:25:47

Plan médium d’un chien bâté qui s’abreuve à un point d’eau.

00:25:58

Gros plans sur un feu de camp.

00:25:57

Plan médium de deux hommes qui alimentent le feu de camp.

Commentaire du réalisateur : On se faisait un petit feu avec un thé, qui pouvait être du tiirluk, du thé du Labrador, qui est une plante locale, et on consommait des filets de viande séchée, comme le vieil Ilisituk ou son fils, de la viande séchée de béluga, qui est très nourrissante, et même du mattaq séché. Ils en avaient aussi dans leurs provisions de route.

00:26:14

Gros plan sur le capuchon d’un homme.

00:26:18

Gros plan sur un chien bâté qui se repose.

Commentaire du réalisateur : Une grande partie de la vie de ces gens était constituée par la marche. La marche pour aller chasser, la marche pour aller pêcher, la marche pour changer de camp ou pour aller au village quand il y a eu un comptoir de la Compagnie de la Baie d’Hudson, mais il y avait eu aussi Revillon Frères auparavant.

00:26:23

Gros plan sur un feu de camp avec une petite marmite suspendue au-dessus.

00:26:32

Gros plan sur un homme qui mange

Commentaire du réalisateur : Alors ici, ils mangent du mattaq de béluga.

00:26:36

Gros plan sur un autre homme qui mange.

00:26:45

Gros plan sur les mains d’un homme qui découpe de la viande séchée à l'aide de son couteau.

00:26:47

Plan rapproché sur l'homme qui mange un morceau de viande séchée.

00:26:54

Gros plan sur les mains de l'homme qui déchire des parties du morceau de viande, puis « zoom out » sur le haut de son corps et son visage ; il sourit à la caméra.

00:27:08

Plan moyen d'un homme qui va chercher une marmite d'eau sur le feu et en verse dans une tasse.

00:27:25

Plan large de deux hommes assis par terre en train de manger.

00:27:33

Gros plan sur des morceaux de viande séchée déposés par terre.

00:27:37

Gros plan sur un homme qui boit dans une tasse.

00:27:44

Plan large sur deux hommes qui bâtent deux chiens.

00:27:55

Plan large de deux hommes qui bâtent un chien.

00:28:10

Gros plan d’un chien qui se repose.

Commentaire du réalisateur : Les chiens, pendant ce temps-là, s’abreuvent comme ils peuvent. On avait enlevé le bât, et on le leur remet, et ils vont reprendre la route. C’étaient des chiens très bien dressés, ce ne sont pas n’importe quels chiens qu’on pouvait utiliser.

00:28:15

Plan large de trois hommes (chargés) et trois chiens (bâtés) qui s’éloignent sur la toundra, le long d’un cours d’eau.

Commentaire du réalisateur : Mais c’était précieux, parce que quand on partait à l’intérieur des terres, on pouvait attacher des montants de tente qu’ils traînaient attachés de chaque côté. Et puis on pouvait y mettre du gibier, des poissons, de la viande séchée. Il était bon d’avoir toujours un fusil avec soi, parce qu’on pouvait débusquer un lièvre arctique, ou des perdrix des neiges qui s’envolaient, et on tâchait de les tuer pour varier un peu le menu du soir.

00:28:39

Plan très large d’un kayakiste au large, qui avance vers la caméra, vers le bord de l'eau.

Commentaire du réalisateur : Cet homme est revenu par la mer, dans la baie de Kangiqsujuaq où nous sommes maintenant, donc il n’est pas loin du village. On voit qu’avec sa pagaie double, il va stabiliser le kayak pour en descendre et ne pas tomber à l’eau. Et quand ils voyaient un kayak arriver comme ça, ceux qui n’étaient pas trop loin venaient l’aider à tirer le kayak et à le remonter, et à le transporter vers le village ou vers les camps, quand il s’agissait d’un camp de chasse. On prend soin d’enlever les balles des fusils, pour ne pas qu’un enfant soit tenté de l’utiliser. Il y a souvent des accidents de chasse dus au fait qu’un jeune veuille viser alors qu’il ne sait pas qu’il y a une balle dans le fusil.

00:28:57

Plan large du kayakiste accostant et débarquant du kayak.

00:29:13

Plan très large du kayakiste maintenant debout sur une roche, manœuvrant son kayak avec sa rame, pour le faire accoster.

00:29:18

Plan rapproché d’adultes et enfants qui marchent vers le kayak accosté.

00:29:32

Plan large de deux adultes qui transportent le kayak sur leurs épaules, entourés d’enfants.

00:29:36

Plan large de deux adultes qui transportent le kayak sur leurs épaules, entourés d’enfants.

00:29:42

Plan large d’une femme debout sur une roche dans l’eau et qui collecte des moules et les dépose dans un sceau.

Commentaire du réalisateur : C’est l’époque aussi, dans cette région, où il y a de fortes marées, tous les 15 jours, à la pleine lune, et à la nouvelle lune, avec, au moment des équinoxes, des marées encore plus fortes, comme on le constate dans d’autres régions plus méridionales.

00:29:57

Gros plan sur le seau (son contenu) qui se fait remplir de moules.

00:30:05

Plan médium de deux femmes penchées au-dessus d'une flaque d’eau, ramassant des moules.

00:30:11

Plan large de deux femmes cueillant des moules et débusquant des chabots à marée basse, à l'aide d'un bâton.

00:30:27

Plan médium de deux femmes qui ramassent des moules.

00:30:38

Gros plan sur la main d’une femme tenant un chabot, puis elle le lance dans le seau.

Commentaire du réalisateur : Alors, lors de ces marées basses, on va pêcher les moules, débusquer des chabots de mer, des kanajuq ou kanajuit, qui sont consommés avec plaisir, voilà un petit kanajuq. On les fait bouillir, il y a beaucoup d’arêtes, et on voit cette grosse tête, mais ils aiment beaucoup manger cette chair. Ils en mettent une bouchée dans leur bouche et crachent d’un côté les arêtes et puis mangent cette chair blanche qui se distingue des truites arctiques de couleur rosée, un peu comme le saumon.

00:30:49

Gros plan sur les visages des deux femmes.

Commentaire du réalisateur: Et ça a été l’occasion pour les jeunes, jeunes gens, jeunes filles, jeunes adultes, d’aller un peu flâner et de revenir avec des récoltes qui variaient l’alimentation plutôt centrée sur les mammifères marins.

00:30:56

Plan large de trois femmes, un homme et un chien qui marchent à marée basse (collecte de moules).

00:31:09

Plan très large de trois femmes, un homme et un chien qui marchent sur une plage (collecte de moules).

00:31:31

Plan rapproché du petit garçon qui joue avec un avion-jouet.

Commentaire du réalisateur : On faisait des jouets très bien pensés, et cette relation au chien, voyez, souvent l’enfant avait son chien qu’il nourrissait, parfois il le secouait, il le jetait par terre, mais un peu sous forme de jeu. Néanmoins, les problèmes qui ont surgi très vite avec la sédentarisation sont entre autres la concentration des chiens. Il y avait souvent plus de chiens dans un village ou dans un campement, que d’habitants. Alors le danger, avec la concentration, et que l’on n’avait pas prévu, c’est que ces chiens étaient affamés et on n’avait pas de quoi les nourrir comme dans les camps de chasse, où à chaque retour du chasseur on était assurés d’avoir des parts de viande pour les chiens. Et ces chiens affamés pouvaient s’attaquer à des enfants, des jeunes, et on disait aux femmes pendant leurs menstruations d’être très prudentes et d’avoir toujours un bâton à la main, parce que les chiens qui ont évidemment l’odorat très fin, risquaient de les suivre ou de les attaquer.

00:31:43

Plan rapproché d’un petit garçon qui avance vers la caméra, avec un chiot dans les bras.

Commentaire du réalisateur : Et il y a eu, encore récemment à Igloolik, pendant les fêtes de Pâques, où il y avait des courses de traîneaux à chiens, un jeune enfant qui a été quasiment défiguré, il a fallu l’envoyer au Sud pour de la chirurgie esthétique, par des chiens dont il s’est approché d’un peu trop près. Et il y a eu des adultes tués. Tout ça a entraîné à un moment donné le tuage des chiens. On a d’abord voulu exiger qu’ils soient attachés, mais des chiens attachés et affamés, quand l’un d’entre eux arrive à se défaire de son attache, il devient dangereux. Et éventuellement, la police a autorisé aux gens qui voyaient un chien errant, à le tuer. Alors ça a créé des conflits : « Ah! Tu as tué mon chien, alors je vais tuer le tien », et les chiens ont été éliminés de cette façon-là et ont été remplacés par des motoneiges, par des canots à moteur.

00:31:51

Plan large de deux jeunes enfants qui jouent par terre, dehors, avec des chiens autour.

00:32:08

Plan large de deux jeunes enfants qui jouent par terre, dehors, avec des chiens autour (vue différente).

00:32:19

Plan très large de trois femmes ramassant des baies sur la toundra (vue en plongée, de très haut).

Commentaire du réalisateur : Alors, quand on partait comme ça dans la toundra, on avait toujours un petit travail à finir, là il s’agit d’avoir des bottes imperméables, donc on fait ce type de couture, avec des bottes dont on a enlevé le poil. On les a fait tremper, souvent dans de l’urine, afin que le poil se détache bien, et puis on faisait des coutures doubles, coutures anglaises comme on dit en français, je ne sais pas comment les anglophones les nomment [French seam], une double couture qui rendait la botte entièrement étanche, pour justement cette période. Alors quand on pouvait s’offrir des bottes de caoutchouc on le faisait, mais autrement, et encore maintenant, les chasseurs, les gens qui partent dans les camps, sont très heureux d’avoir ces bottes imperméables.

00:32:22

Plan large d’une femme amassant des baies (avec enfant dans l’amauti).

00:32:30

Plan large d’une femme cousant, assise par terre dehors, avec un enfant dans l’amauti.

00:32:40

Gros plan sur les mains de la femme qui amasse des baies.

00:32:45

Plan rapproché d’une femme amassant des baies (avec enfant dans l’amauti).

00:32:53

Gros plan d’un petit garçon qui mange des baies dans une tasse.

00:33:00

Plan large d’une femme et un enfant qui s’affairent à un feu de camp.

00:33:08

Plan large d’une petite fille qui mange, assise sur une roche.

00:33:15

Gros plan de la petite fille qui mange. Elle sourit à la caméra.

00:33:23

Plan large d’une femme amassant des baies (avec enfant dans l’amauti).

00:33:33

Gros plan sur le visage d'un enfant dans l'amauti d'une femme qui s'affaire.

00:33:40

Gros plan sur les mains d'une femme qui coud une botte en peau de phoque.

00:33:55

Gros plan de l’enfant dans l’amauti.

00:34:04

Plan rapproché de la femme qui coud avec son enfant dans l’amauti. Elle sourit à la caméra.

00:33:14

Gros plan de ses mains qui cousent.

00:33:29

Gros plans en plongée de la femme qui coud, avec son enfant dans l’amauti. Vue de derrière. Zoom sur l’enfant qui joue avec des brins d’herbe qu’il ramasse par terre.

00:33:46

Gros plan de la femme qui coud avec son enfant dans l’amauti (vue de derrière).

00:34:54

Plan large d’un groupe de femmes qui marchent (vue en plongée). Elles croisent d’autres personnes qui regardent vers la caméra.

00:35:09

Plan très large de ce groupe de femmes qui marchent dans le campement, avec tentes autour.

00:35:15

Série de plans rapprochés en plongée de chiens qui se chamaillent.

Commentaire du réalisateur : Dans le village, on installait les tentes l’été, le plus longtemps possible, mais il y avait aussi des maisons et il y avait ces chiens, comme ici, ils ne sont pas attachés. Parfois, des batailles éclataient entre les chiens, qui étaient avides de résidus de viande quand une tente déménageait, d’immenses batailles avec des chiens dominants, et les humains devaient intervenir souvent pour empêcher que ces chiens, même entre eux, ne s’infligent des blessures trop fortes.

00:35:54

Vue très large d’un groupe de jeunes qui jouent à un jeu de groupe, dehors. En plongée, de très haut.

Commentaire du réalisateur : Quand on se retrouvait dans le village, c’était à cette époque-là aussi l’occasion de jeux. Les gens étaient plus nombreux que dans des petits camps, et il y avait peut-être moins d’activités prenantes. Donc on aimait, le soir, avant que le soleil ne se couche, faire des jeux de balles.

00:36:07

Plan rapproché d’un des joueurs, toujours en plongée.

00:36:14

Vue très large d’un groupe de jeunes qui jouent à un jeu de groupe, dehors. En plongée, de très haut.

00:36:22

Plan large d’un bâtiment en bois (mission).

Commentaire du réalisateur : La mission catholique, qui était, et qui a été pendant très longtemps, un lieu où les Inuits pouvaient venir jouer aux cartes, faire des jeux collectifs et se retrouver.

00:36:24

Plan moyen d’un groupe d’enfants assis par terre devant un bâtiment en bois (mission).

00:36:28

Plan large d’un bâtiment en bois (mission).

00:36:30

Plan médium d’un petit garçon qui marche au travers du campement avec un seau dans les mains.

Commentaire du réalisateur : Au retour des collectes de moules, de kanajuq, et la saison avançant, avec les premiers gels, la végétation très vite prend des couleurs qui oscillent entre le rose et le brun foncé, et puis les premières baies apparaissent et sont mûres pour la collecte.

00:36:40

Plan large de deux enfants et une femme qui entrent dans une tente avec une porte en bois. Un chien reste dehors.

00:36:55

Plan large d’un petit garçon devant une tente. Il regarde la caméra.

00:37:13

Plan rapproché d’un petit garçon qui court dehors.

00:37:17

Plan très large d’un bateau (petit voilier) ancré au large.

Commentaire du réalisateur : Ici, le bateau du missionnaire qui est allé avec un équipage d’Inuits, entre quatre et six matelots inuits, chasseurs, il est allé jusqu’à Kuujjuaq, donc à plusieurs centaines de kilomètres, pour en rapporter des matériaux, des aliments de traite qu’ils ont obtenus là-bas.

00:37:19

Plan large d’un groupe d’individus qui s’affairent près d’un petit bateau sur la rive.

00:37:23

Plan très large d’un bateau (petit voilier) ancré au large.

00:37:25

Plan très large d’un groupe de personnes sur la grève, près d’un petit voilier.

00:37:28

Plan rapproché d’une femme s’affairant sur la grève avec une boîte en carton (et enfant dans l’amauti).

00:37:33

Gros plan sur le visage de cette femme et son enfant.

00:37:39

Série de plans larges et rapprochés d’un groupe d’Inuits et non-Inuits qui attendent près d’un amoncellement de boîtes.

00:37:50

Plan large d'un homme non inuit (missionnaire) entouré d'Inuits.

Commentaire du réalisateur: Voici le missionnaire, le Père Mascaret, qui est resté longtemps là-bas, qui était lui-même capitaine du bateau, le Sainte-Marie, et qui était aussi un grand chasseur, un grand pêcheur. Voilà son navire mis au sec, et moi j’ai voyagé sur ce bateau depuis Quaqtaq jusqu’à Kangiqsujuaq et Salluit. C’était un très bon capitaine qui savait choisir ses matelots pour faire des voyages de plusieurs centaines de kilomètres dans le détroit d’Hudson qui connaît des courants marins parfois très forts, et dans une tempête, une fois comme ça, le capitaine a décidé d’entrer dans une petite baie, et une heure après, on était dans un lac. Il savait que la marée allait transformer cette partie de baie en un lac, et donc la protéger de la tempête. Il avait une très bonne connaissance de l’environnement.

00:37:55

Plan médium d’un hélicoptère au sol.

00:38:04

Plan large du bateau Sainte-Marie, sur la grève, avec plusieurs barils alignés devant (avec zoom sur le nom du bateau).

00:38:18

Plan large d’un petit bateau sur la rive, et du navire au large.

00:38:21

Plan très large de deux navires ancrés au loin.

Commentaire du réalisateur : Là, on a aperçu deux brise-glaces. C’est l’automne, le temps des brise-glaces, alors pour les kayakeurs, on voit le contraste entre les deux, il y a toujours la tentation d’aller offrir une sculpture, un petit objet d’artisanat inuit, qui pourrait intéresser des matelots en échange de nourriture ou de boîtes de conserve de métal qui peuvent servir dans la fabrication ou la consolidation d’équipement.

00:38:27

Plan large d’un groupe d’hommes et garçons s’éloignant avec des fardeaux sur les épaules.

00:38:36

Plan large du poste de la HBC.

00:38:40

Gros plan sur l’enseigne HBC du poste.

00:38:46

Plan rapproché d’un groupe d'hommes et de femmes discutant devant un bâtiment.

00:38:53

Gros plan sur l'hélicoptère, de la queue à son nez.

00:39:05

Vue aérienne à partir de l’appareil : on y voit des gens qui le regardent décoller.

00:39:10

Vue aérienne d'un navire.

00:39:12

Vues aériennes rapprochées de deux kayakistes.

00:39:28

Vues aériennes de deux navires collés l'un sur l'autre.

00:39:36

Vue médium de l’hélicoptère posé sur un des navires.

00:39:39

Plan rapproché d’une femme inuite et son enfant sur le bateau (elle le tient avec un genre de harnais).

Commentaire du réalisateur: Ici, une Inuite de Baffin qui part dans le Sud avec son conjoint, qui n’est pas un autochtone, et ses deux enfants. Donc, ces brise-glaces peuvent transporter des passagers, ils ont des cabines où on peut transporter des patients quand il faut être hospitalisé, ou des gens qui veulent aller dans un autre village, parce que ces navires suivent souvent des circuits qui leur permettent de visiter et d’approvisionner de nombreux villages.

00:39:47

Plan large de la femme avec son enfant. Un homme blanc se trouve avec eux.

00:39:49

Gros plan sur la femme qui tient maintenant son enfant dans ses bras.

00:39:54

Plans médiums d’un homme blanc avec un enfant qui joue sur le navire.

00:40:04

Plan rapproché de la femme avec son enfant sur le navire, qui regardent au loin.

00:40:09

Plan rapproché du flanc du navire qui fend la mer en avançant (vue à partir du navire).

Commentaire du réalisateur : Alors évidemment, tout ça doit se faire avant que les baies ne s’englacent, et cette visite des bateaux constitue un peu le dernier grand moment dans la vie de ces villages maintenant sédentarisés, parce qu’on y apporte des matériaux de construction, on va construire l’école, la station de santé, et puis l’hiver commence, et cet hiver va durer des mois.

00:40:15

Vue aérienne du village, à partir du rivage.

Commentaire du réalisateur : Et c’est un nouveau genre de vie, et en même temps une étape dans l’évolution historique des Inuits du Nord, en particulier l’exemple de Kangiqsujuaq.

00:40:22

Plan large d’oiseaux marins en plein vol, hauts dans le ciel.

00:40:29

Plan fixe sur un drapeau britannique sur le mât d'un bateau.

Média

Reference

1. Commentaire [PDF 301.69kB]

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